Ouvrage collectif sur le Street Art bruxellois
Suite au colloque international « De la subversion à la subvention : l’art urbain entre pratique illégale et commande publique à l’âge du capitalisme culturel » (co-organisé par le GRESAC à l’ULB en 2018), Éric Van Essche prépare un ouvrage collectif rassemblant des textes théoriques, des points de vue et des interviews d’artistes et d’acteurs culturels, des focus illustrés sur la nouvelle scène « Street Art » bruxelloises, à paraître en 2021 chez CFC-Éditions, dans la continuité de deux ouvrages dans la filiation desquels le colloque se plaçait effectivement : DEHORS! Le graffiti à Bruxelles par Adrien Grimmeau (https://www.maisoncfc.be/fr/products/13-dehors-le-graffiti-a-bruxelles) et Being Urban. Pour l’art dans la ville (Bruxelles) par Pauline de La Boulaye et Adrien Grimmeau (https://www.maisoncfc.be/fr/products/234-being-urban-pour-l-art-dans-la-ville).
Argument
Comme toutes les grandes villes européennes, Bruxelles est touchée depuis des années par une vague d’interventions artistiques en marge des institutions traditionnellement à la manœuvre pour la gestion de la culture dans l’espace public. Du Street Art aux arts performatifs, un large éventail de pratiques créatives ponctue désormais l’espace et le temps des usagers de la ville. Réalisées à l’origine dans la clandestinité et en toute illégalité –de fait réprimées régulièrement par la justice et par la police dans le cas des graffitis–, leurs auteurs ont gagné d’abord en reconnaissance de la part du public –avec l’émergence de figures telles que celle de Bonom– puis de la part des institutions –monde de l’art pour commencer, autorités publiques pour suivre, marché privé enfin. Cette évolution génère des situations inédites qu’il est intéressant d’étudier tant du point de vue de l’esthétique (élargissement du corpus de l’art dans l’espace public) que de la sociologie (reconnaissance de la valeur des œuvres par les citoyens), de la politique (valorisation de l’émergence ou canalisation des forces rebelles), du management culturel (utilisation à des fins de « city marketing ») ou de l’économie (intégration au marché et à la publicité commerciale). Plus largement, le contexte est celui de la ville créative et des imaginaires urbains à l’ère du Capitalisme tardif, particulièrement à l’endroit d’une tension entre approche libertaire ou entrepreneuriale de la culture. L’étude de ces situations émergentes se fera d’une part en les replaçant dans le cadre plus général de l’art dans l’espace public et de la « ville créative », pour prendre du recul, dépasser les polémiques, tirer des enseignements voire énoncer des prévisions quant à l’évolution du terrain. D’autre part, on abordera ces différents enjeux dans l’esprit des Cultural Studies par le décloisonnement des points de vue exprimés (esthétiques, politiques, sociologique et entrepreneurial).